TUNIS (Reuters) - Trois opposants entrent dans le gouvernement d'unité nationale dévoilé lundi en Tunisie, dans lequel les ministres de l'Intérieur, de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances conservent leur poste et qu'un opposant en exil à Paris a qualifié de "fausse ouverture".
La composition du nouveau cabinet a été annoncée par le Premier ministre, Mohamed Ghannouchi, trois jours après la fuite précipitée du président Zine el Abidine Ben Ali chassé par un mois de contestation dans la rue.
Le Premier ministre a également annoncé la prochaine libération de tous les prisonniers politiques.
Trois opposants intègrent le nouveau cabinet: Najib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP), qui prend le poste de ministre du Développement régional; Moustapha Ben Jaafar, président du Forum démocratique pour le travail et la liberté (FDTL), qui obtient le portefeuille de la Santé; et Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid, qui obtient celui de l'Enseignement supérieur.
Le chef du gouvernement a également procédé à la nomination d'un nouveau directeur à la tête de la Banque centrale de Tunisie, en la personne de Moustafa Kamel Nabli.
"Nous sommes résolus à accroître nos efforts pour rétablir le calme et la paix dans le coeur de tous les Tunisiens. Notre priorité, c'est la sécurité, ainsi que les réformes politiques et économiques", a expliqué le Premier ministre au cours d'une conférence de presse.
A Paris, l'opposant Moncef Marzouki a réagi en dénonçant une "fausse ouverture".
"Je suis indigné, parce qu'on se moque de l'intelligence des Tunisiens et inquiet sur l'avenir de la Tunisie", a dit sur i>Télé le dirigeant du Congrès pour la république, qui vit en exil en France.
Marzouki, qui avait laissé entendre qu'il serait candidat à la future élection, a estimé que sa candidature était "momentanément" remise en cause.
"Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade et que très vraisemblablement ce gouvernement devra accepter le verdict du peuple, pour que ce soit un vrai gouvernement d'union nationale, ce qui n'est pas le cas actuellement", a-t-il expliqué.
Tarek Amara, avec John Irish à Paris, Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français, édité par Gilles Trequesser